Diriger sans se préserver, c’est confondre résistance et solidité

« Je tiendrai encore un peu. »

C’est une phrase que j’entends souvent. Elle est presque devenue un réflexe dans le discours de nombreux dirigeants.

Comme si tenir était une qualité, une vertu silencieuse. Comme si la fatigue était une variable secondaire dans une trajectoire de leadership.

Mais derrière cette phrase, il y a une vérité rarement dite à voix haute :

  • Un corps épuisé prend de mauvaises décisions.

  • Un esprit saturé perd sa capacité à discerner.

  • Un dirigeant qui s’oublie finit par se couper de ce qui fait sa force.

La santé du dirigeant n’est pas un sujet périphérique. C’est une responsabilité stratégique.

Dans les environnements complexes et exigeants, le dirigeant incarne une stabilité pour les autres. Il est souvent celui vers qui tout converge : les décisions critiques, les tensions, les incertitudes.
Parce qu’il endosse cette charge, il en vient parfois à penser qu’il doit s’effacer derrière la mission, le collectif ou l’entreprise.

Pourtant, le capital le plus précieux d’un dirigeant n’est ni son carnet d’adresses, ni sa vision stratégique. C’est sa clarté intérieure.
C’est elle qui lui permet de voir juste, de décider avec discernement, de résister aux pressions sans s’y dissoudre.

Quand cette clarté s’érode, tout vacille — souvent de manière imperceptible au début :

  • Des nuits plus courtes.

  • Une attention fragmentée.

  • Une irritabilité sourde.

  • Une perte de recul.

  • Des décisions plus réactives que lucides.

Prendre soin de soi n’est pas une faiblesse. C’est une posture lucide.

Il faut du courage pour tenir, certes.

Mais il faut souvent davantage de courage pour reconnaître que la solidité se construit dans la durée, pas dans l’usure.

Prendre soin de sa santé mentale et physique, pour un dirigeant, ce n’est pas « s’offrir un luxe » ou « s’accorder une pause ».

C’est assumer une responsabilité envers l’organisation qu’il dirige, envers les équipes qui s’appuient sur lui, et envers lui-même.

Ce soin peut prendre des formes très simples :

  • Créer des espaces où la pression retombe.

  • Avoir un lieu de parole qui ne soit pas instrumentalisé.

  • Prendre au sérieux les signaux faibles de fatigue.

  • Se reconnecter à ce qui donne du sens, au-delà des urgences.

Le coaching comme espace de respiration stratégique

Dans les accompagnements que je mène, la question de la santé mentale du dirigeant n’est jamais traitée comme un sujet « à part ». Elle est au cœur du leadership lucide.

Le coaching offre un espace rare : un espace sans injonctions, sans posture à tenir, où le dirigeant peut déposer ce qu’il porte et retrouver une forme de présence intérieure.

De là émergent souvent des décisions plus ajustées, une vision moins réactive, et une posture plus juste. Pas plus forte. Plus solide.

De la résistance à la solidité

La résistance consiste à encaisser. La solidité, elle, consiste à durer.
Pour durer, il faut accepter que l’humain ne s’efface pas derrière la fonction.

Diriger sans se préserver, c’est confondre résistance et solidité.

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